Une entreprise dans le tourbillon de la crise

Le constat

Je suis patron d’une petite entreprise du BTP, 15 salariés. Mon entreprise, c’est toute ma vie, je mange, je dors, je ne vis que pour ma boite. Le business, c’est ce qui compte avant tout ! Mais aujourd’hui, elle ne va pas bien… Je fais le point ce matin, et je me rends compte qu’en 2020, 5 de mes 10 ouvriers ont démissionné… C’est très grave ! Un tiers de mes effectifs a disparu ! Et ils sont partis avec toutes leurs compétences, leur connaissance de mon entreprise, son histoire, son savoir-faire, ses clients… Je perds une partie de la culture de mon entreprise…La faute à la Covid ? Non, pas que… ce serait trop facile de dire ça… Il paraît que c’est le chef d’équipe qui en est à l’origine. C’est une vraie terreur, mais il faut comprendre ! Il dirige ses équipes à l’ancienne, à la dure ! Lui aussi, le boulot, c’est toute sa vie ! Il n’a que ça ! Je me disais qu’on pourrait faire le dos rond, il prend sa retraite dans un an, normalement…  Mais ma boîte tiendra-t-elle encore tout ce temps ? Mais… non… ce n’est pas à ma boite de tenir… c’est à mes hommes ! Ce sont eux qui font le travail au quotidien et qui font que mes clients seront livrés en temps et heure.

L’analyse

Je prends le temps d’analyser la situation, l’année qui vient de passer… Oui, c’est vrai que rien n’a été facile avec les périodes de confinement, déconfinement, reconfinement… Je n’ai pas beaucoup communiqué avec mes équipes… Mais moi-même j’étais dans le flou ! Je n’y connaissais rien, moi, au chômage partiel, arrêt maladie pour garde d’enfant, télétravail, mise à jour du Document Unique, obligations d’employeur en termes de prévention des risques face à la pandémie… J’ai bien demandé à la comptable et à la branche professionnelle des informations, mais c’est vrai qu’on n’a pas été très réactifs, moi et mes 2 chefs d’équipe. On m’a posé des questions sur l’impact de la fermeture de l’entreprise sur les salaires ; on m’a demandé de maintenir un niveau de dialogue entre les équipes, de m’assurer des bonnes conditions de travail de mes salariés, de porter une attention toute particulière aux risques psychosociaux… Mais ce n’est pas mon métier ! C’est le rôle de la fonction RH ça ! Aujourd’hui, je lis des articles… Il parait que les salariés veulent plus de liberté, plus de conciliation vie privée/vie professionnelle, plus de sens au travail… Et ce n’est pas qu’une question de génération ! Dans une période anxiogène comme celle que nous venons de vivre (et que nous vivons encore), je dois agir  : je dois prendre soin de mes collaborateurs ! Ce sont eux qui font tourner ma boite ! pas mes clients !!! Aujourd’hui avec 1/3 d’effectif en moins, je suis obligé de refuser des commandes, c’est bien la preuve !

On s’est serré les coudes pendant le confinement mais la fatigue des collaborateurs et le côté anxiogène d’une situation qui dure depuis 10 mois fait qu’ils se démotivent, perdent patience et ont des réactions vives. Je dois veiller tout particulièrement aux plus fragiles, et aider mes chefs d’équipes à gérer les facteurs de stress et d’angoisse, les former au management collaboratif. Je dois appréhender l’évolution de nos liens sociaux en interne, de nos méthodes de travail… C’est peut-être l’occasion de revoir notre fonctionnement, en intelligence collective, en associant toutes mes équipes à la réflexion ! Je dois recréer le relationnel disparu. L’entreprise est un lieu de socialisation, où les salariés trouvent beaucoup de satisfaction. Mes gars ont souvent de bonnes idées, et savent prendre des initiatives… c’est le moment de leur prouver que j’ai confiance en eux, et qu’ensemble on est plus fort. A nous de réinventer un nouveau pacte social et renforcer nos équipes par de nouvelles recrues !

Ce que nous retenons

Cet article est une fiction, vous l’aurez bien deviné, mais il est quand même inspiré de faits réels. « Se réinventer en donnant la priorité à l’humain », tel est le leitmotiv défendu par le Cabinet Deloitte, à l’issue de son étude sur les tendances RH de 2020. « Accompagner la transformation des métiers, donner du sens, repenser les modes de leadership et d’organisation, acquérir et fidéliser les talents…, voilà ce qui permettra aux entreprises de se réinventer. », peut-on lire dans cette étude. Les chefs d’entreprise de petite taille devront faire davantage appel à des collaborations externes pour répondre aux besoins de compétences de façon plus flexible (notamment en ressources humaines, communication, et transition numérique). Ce sont effectivement les expertises RH qui permettront d’effectuer le changement, et de remettre l’humain au centre des politiques RH et managériales et donc de considérer que leurs collaborateurs peuvent leur permettre d’avancer. La fonction RH est l’acteur qui permettra également de proposer les bons outils ou conseils en matière de formation, d’évolution professionnelle, et de recrutement. Et en ces périodes troubles, je ne peux qu’insister sur l’importance de repenser sa marque employeur, pour attirer de nouveaux collaborateurs et surtout retrouver l’engagement et la fidélisation de ses collaborateurs !

Si, en tant que chef d’entreprise, patron de TPE, vous vous sentez démuni face aux évolutions de la société, et à ce que les mesures de protection sanitaire vous imposent, ne restez pas seuls ! Rejoignez notre Pause RH du Pays de Morlaix (prochaine date dédiée aux enseignements de la fonction RH face aux confinements successifs, le 05 février 2021 à Morlaix) ou faites appel à Solutions RH, un dispositif dédié spécifiquement aux TPE/PME du bassin de Morlaix.

Katell OGOR travaille chez Iroise, partage et compétences

Rédigé par Katell Ogor
Chargée de développement territorial en Ressources Humaines